Source: Les lieux Patrimoniaux du Canada

Thème Historique *

« La gare de Port-Daniel témoigne de la présence de l’AQ&W dans la péninsule Gaspésienne, compagnie à qui l’on doit le parachèvement du réseau ferroviaire jusqu’à Gaspé.  Avec les gares de Percé et Barachois, elle est une rare survivante des nombreuses petites gares de village construites par cette compagnie ferroviaire au début du siècle.

Au XIXe siècle, la Gaspésie est isolée du reste du pays à cause de sa situation géographique, mais aussi, surtout à cause de l’absence de moyens de communication adéquats. Le transport des populations et des marchandises se fait en grande partie par bateau, les Gaspésiens étant à la merci de routes souvent impraticables durant les longs mois d’hiver. Le train apparaît alors comme la solution miracle qui brisera l’isolement de la région et lui apportera la prospérité économique. Pour assurer le développement de la Gaspésie, il est important que le train pénètre jusqu’à Gaspé en longeant la côte Nord de la Baie-des-Chaleurs.

La compagnie de chemin de fer Atlantique et Lac Supérieur rachète la compagnie de la Baie-des-Chaleurs qui croule sous les dettes. Elle prolonge la ligne jusqu’à Paspébiac qu’elle atteint en 1902; huit ans pour franchir à peine 40 kilomètres!

Il faut dire que la topographie de la péninsule n’aide en rien pour faciliter la tâche des ingénieurs et des centaines d’ouvriers qui participent à la construction du chemin de fer. En mars 1901, un groupe de financiers de Québec, de Toronto et d’Angleterre (certains ont des intérêts prétrolifères dans la région de Gaspé) forment l’AQ&W avec pour objectif de relier Paspébiac à Gaspé en longeant la côte. Ils reçoivent une subvention et une aide spéciale du gouvernement pour construire les vingt-six ponts de fer nécessaires pour compléter le réseau. L

Le train arrive à Port-Daniel en 1907, la gare est construite l’année suivante. Sa dimension est fonction de son rôle temporaire de fin de ligne car un obstacle majeur doit d’abord être franchi pour prolonger le tracé jusqu’à Gaspé. On prend deux ans pour creuser un tunel de 193 mètres de long sur 7,30 mètres de haut, qui permet de traverser le «Cap de l’Enfer» situé à Port-Daniel Est. Le travail est effectué sous la supervision de Sir Douglas Fox et associés, ingénieurs. Il suscite encore l’admiration de tous pour la précision avec laquelle les deux équipes, ayant commencé à chaque extrémité se rencontrairent au centre. Une décharge de dynamite aurait cependant coûté la vie de huit cheminots lors du creusage.»

(* Extrait d’un rapport sur les gares ferroviaires de la Commission des Lieux et Monuments Historiques du Canada.)

Collaboration : Benoit S. Pilon, Port-Daniel-Gascons, 28 octobre 2002